jeudi 23 mai 2013

Vous reprendrez bien un peu d'accord ?

Comme annoncé précédemment sur Twitter mais avec un peu de retard, voici quelques mots sur la notion d'accord et la manière dont il est envisagé dans les documents officiels. Dans les programmes belges, mais l'exercice est possible ailleurs également — c'est même en cours —, il est question à une trentaine de reprises de l'accord que l'on peut, grosso modo, réduire à la liste suivante


Adjectif
L'accord de l'adjectif épithète
L’accord de l’adjectif : règles générales
L’accord de l’adjectif, cas particuliers, notamment : l’adjectif de couleur
L’accord de l’adjectif, cas particuliers, notamment : l’adjectif se rapportant à plusieurs noms
Attribut du sujet
Associer l'attribut et le sujet
L'accord de l'attribut du sujet
Autre
Quelques accords particuliers, par exemple tout, même et quelque
Complément du nom
Accord du complément du nom
Déterminant
Accord des déterminants numéraux
Accord des déterminants articles, possessifs, démonstratifs
Accord des déterminants indéfinis, interrogatifs, exclamatifs, relatifs
Notion
Etablir des relations entre les mots : marques de genre et de nombre
Savoir favoriser sa compréhension en s’appuyant sur le rôle joué par les indices grammaticaux d’accord (marques du genre et du nombre, marques du féminin et du pluriel ainsi que les marques de la personne et du temps des verbes).
Participe passé
Accord du participe passé seul
Accord du participe passé employé avec l'auxiliaire être
Accord du participe passé employé avec l'auxiliaire avoir
L’accord du participe passé : avec l’auxiliaire avoir dans les règles générales (et les cas les plus fréquents de la conjugaison pronominale marquant l’accord avec le sujet)
L’accord du participe passé, cas particuliers, notamment : le participe passé d’un verbe pronominal
L’accord du participe passé, cas particuliers, notamment : le participe passé suivi d’un infinitif
L’accord du participe passé, cas particuliers, notamment : le participe passé précédé du pronom en
Verbe
Associer le verbe et le sujet
Accord sujet-verbe
L’accord du verbe : un seul sujet (mots et groupe de mots, inversion, pronom relatif qui)
L'accord du verbe : plusieurs sujets de même personne, de personnes différentes, résumés par un mot
L’accord du verbe, cas particuliers, notamment : le sujet est un nom collectif
L’accord du verbe, cas particuliers, notamment : le sujet est un adverbe de quantité
L’accord du verbe, cas particuliers, notamment : c’est devant un pluriel de la troisième personne

Difficile, finalement, de faire bien synthétique. Je n'attirerai pas ici l'attention sur les incohérences de niveau qui font, par exemple, passer L'accord de l'adjectif épithète en troisième et quatrième année du primaire et L’accord de l’adjectif : règles générales de la première à la troisième année du secondaire. Cette "logique" qui préfère donc, par exemple, évoquer la règle générale en fin d'apprentissage, telle une récompense, règle générale qui vaudra, de surcroit, que pour l'accord de l'adjectif, voire seulement de l'adjectif épithète.

Une considération d'ensemble laisse transparaitre que l'accord concernerait sept grandes catégories : l'adjectif, l'attribut du sujet, le complément du nom, le déterminant, le participe passé, le verbe et quelques autres ; et, à y regarder d'un peu plus près, aussi bien des classes de mots que des fonctions (attribut du sujet, épithète, complément du nom). Il y a toutes les combinaisons...

Classe Fonction
Classe 1 2
Fonction 2 3
  1. un accord entre deux classes de mots : l'adjectif et le nom, par exemple ;
  2. un accord entre une classe et une fonction : le verbe et le sujet, par exemple ;
  3. un accord entre deux fonctions : l'attribut du sujet et le sujet, par exemple.
Nous voilà bien avancés. Nous ne savons donc ni ce qu'est l'accord, si ce n'est qu'il ressemble à une association entre deux mots dont seul l'un est concerné par lui, ni s'il concerne la classe ou la fonction. En revanche, nous savons qu'il en existe de nombreux cas et que cette matière occupe un nombre considérable d'heures de cours.

La grammaire traditionnelle a donc besoin, pour accorder de connaitre :

  • classes : nom, pronom, déterminant, adjectif, verbe, adverbe.
  • fonctions : sujet, complément du nom, épithète, attribut, complément (direct) du verbe
...sans compter toutes les sous-classes (8 pour le déterminant) ou sous-cas (6 pour le participe passé, 9 pour le verbe).



Nous reviendrons plus tard, ou en fonction de vos demandes sur des expériences de classe ou l'analyse de points précis, mais voilà le décor.

Je dirai simplement que l'accord tel qu'envisagé aujourd'hui, c'est à dire sans logique et dans le morcèlement, est un véritable sac de noeuds duquel l'élève ne peut rien retirer, ou à quel prix cognitif. Ce que la grammaire traditionnelle oublie, c'est de décrire le mécanisme d'accord et de fournir une règle générale, voire de s'en satisfaire jusque dans les grandes classes. À subdiviser, elle produit des exceptions à ses propres "cas particuliers". Voici une règle générale qui permet de traiter la grande majorité des cas fréquemment rencontrés et ne s'empêtre pas dans l'examen des fonctions - de fait, l'accord est d'abord sémantique et, en raison d'une cohésion de sens, se marque ensuite graphiquement.

L’accord est le mécanisme flexionnel par lequel est établi un rapport entre deux termes, dont l’un (l’apport) apporte du sens au second (le support), lequel en retour transmet les traits et marques morphologiques liés aux catégories grammaticales pertinentes qu’ils ont en partage. 

(VAN RAEMDONCK D., avec DETAILLE M. et la collaboration de MEINERTZHAGEN L. (2011), Le sens grammatical. Référentiel à l’usage des enseignants, Bruxelles : PIE Peter Lang.)

Alors, que l'on explique les choses comme elles fonctionnent, que l'on ramène de la cohérence dans la description de la langue et que l'on arrête de gaspiller un temps bête à travailler des irrégularités à aucune règle bien formulée.

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